État d’urgence à Santiago

Nous sommes arrivés il y a trois jours à Santiago, la capitale du Chili, dans un concert de casseroles, plutôt bon enfant. Nous en repartons ce dimanche après que l’État d’urgence et un couvre-feu de 22h00 à 7h00 aient été instaurés.

Depuis 48 heures, le Chili de Sebastián Piñera qui doit accueillir la conférence sur le climat, la COP25, en décembre prochain est secoué par de violentes émeutes.

A Santiago, ce qui avait commencé par des manifestations populaires et étudiantes contre la hausse du prix du ticket de métro, passé de 800 à 830 pesos aux heures de pointe (1,04 euro), a rapidement dégénéré.

Jeudi, à l’appel des réseaux sociaux, des centaines de jeunes chiliens ont investi les stations de métro, empruntant les tourniquets sans payer et causant d’importants dégâts matériels.  Ce que les journaux locaux ont appelé « evasión masiva ».

Vendredi dans la journée, des manifestants de tous âges, parfois venus en famille, sont descendus dans les rues, occupant les carrefours et les grandes artères de la capitale pour dénoncer la cherté de la vie et les injustices sociales, tapant sur des casseroles et objets métalliques rappelant un mode de protestation utilisé contre l’ancien dictateur Augusto Pinochet, après son coup d’Etat en 1973.

Mais devant les dégradations matérielles et incendies volontaires – des bus, des stations de métro, la tour de l’électricien Enel, des magasins – et après que des échauffourées aient éclaté entre manifestants et forces de l’ordre, le président du Chili Sebastián Piñera a déclaré, vendredi soir, l’Etat d’urgence à Santiago, confiant au général Javier Iturriaga del Campo, la responsabilité d’assurer la sécurité.

Ce samedi dans la journée, la situation s’est encore dégradée. Des bâtiments et des magasins ont été incendiés et pillés. Des barricades, des carcasses de bus et des brasiers bloquent la circulation.

Voici les images que nous avons prises sur le boulevard jouxtant notre appartement dans le quartier du Parque Bustamante.

Protestations dans Santiago samedi 19 octobre

« C’est la première fois que je vois au Chili une manifestation d’une telle ampleur », nous indique Anna, 22 ans, sur le seuil de la porte de son immeuble.

Samedi, en fin d’après midi, le couvre-feu a été décrété. Tous les transports publics sont interrompus. Les militaires patrouillent dans les rues. D’autres villes du pays sont touchées par la contestation.

Il est minuit. Des bruits de casseroles, des cris et des chants continuent de percer la nuit. De notre appartement, nous percevons aussi des tirs de gaz lacrymogènes et le bruit des hélicoptères qui survolent la ville.

Christelle Marot & Stéphanie Nedjar

6 commentaires

  1. Après les grands espaces, le choc de voir la capitale en ébullition. Restez prudents. C’est plus un message d’amitié qu’un conseil.

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    1. Merci Anne ! Cette « crise » nous a pris par surprise je dois dire. Arrivés à Santiago jeudi dernier, nous avions lu dans les journaux que les jeunes organisaient la « désobéissance » dans le métro en ne payant pas leur billet. Ca semblait presque anodin, pour nous qui étions peu au fait des tensions sociales. Vendredi certaines lignes du métro ne fonctionnaient plus et tout le monde était à pied dans les rues, le soir quelques barrages aux carrefours, rien de plus. Samedi matin, nous sommes partis en banlieue faire quelques courses, les gens tapaient avec des cuillères en bois sur des casseroles en signe de contestation. Quand nous sommes revenus en fin d’après-midi, c’était l’ébullition ! Nous avons quitté Santiago, non sans mal, dimanche matin, dès que le couvre-feu a été levé.
      Pour l’anecdote, tu te souviens peut-être du « fil d’Ariane » dont on avait parlé lors d’une réunion sécurité. Et bien nous continuons à être informés de cette façon par le Ministère des Affaires Etrangères. On vous tiendra informés de la suite, bien sûr. Bise – Steph.

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